La Porte Ayguière (du provençal Porto Aiguiero) : La Porte des Eaux. Cette magnifique Tour-Porte date du XIIIe siècle.
C’est l’une des entrées principales de la cité Comtale, avec les tours de la Porte Romaine et de la Porte d’Aurenge (démolie en 1824).
Au XVe, les activités artisanales se développent dans les quartiers situés à l’extérieur des murailles de la ville, principalement à Portaiguières où les premiers moulins à huile d’olive sont présents dès 1414.
Les eaux du torrent la Riaille coulaient sur la place Portaiguières. Elles sont les prémices du premier circuit de l’eau de la ville.
La légende du dragon
Alios Nutrio, meos devoro « Je nourris les autres, je dévore les miens ! ».
Il était une fois, selon la légende, en l’an de grâce 810 au royaume de Provence, un féroce dragon chassé du pays de Lérins par les moines de l’abbaye.
Il s’envole jusqu’à Empus où il se trouve entouré par de grandes étendues de pierres et une profonde forêt. Dans les gorges tortueuses il trouve un asile dans une grotte obscure. Il reste longtemps caché.
Mais voilà que des pluies impétueuses font monter les eaux, l’oblige à jaillir de son refuge, le chassant à nouveau dans la plaine, jusqu’à Draguignan sur le grand chemin.
Le Dragon furieux croise un pèlerin qui chemine, le regard terrible, immobile, du féroce Dragon le fascine. Le Dragon au reflet d’argent, le prend dans ses énormes pattes, le pose sur le donjon et le dévore.
Le Dragon en colère suit alors le vallon de la Riaille, déchaîne ces eaux, se dirige vers les marais de la ville où il s’installe et dévore les habitants venant s’y aventurer.
La population désemparée, va quérir l’évêque, Saint Hermentaire.
Saint Hermentaire s’empresse, à la rencontre du monstre. Son oeil terrible n’a pas d’emprise sur lui. Saint Hermentaire lève les mains, fait le signe de croix. Le Dragon souffle, se débat. Paralysé, il est pris d’un geste rapide dans l’étole de l’évêque. Saint Hermentaire attache alors la fière bête et la transperce avec son bourdon, garni d’un fer pointu.
Tous accourent, cueillant des fleurs qu’ils trouvent dans les champs, en font un chapeau, en couronne la tête de St Hermentaire, et aux sons des tambours et musettes chantent :
“Dieu soit béni, qui nous a fait
La grâce de le voir défait
Ce Dragon qui nous détruisait
Et qui tant de mal nous faisait…”
Plus personne ne périt dans les marais et les eaux restèrent calmes longtemps…
Saint Hermentaire terrassant le Dragon devient le Saint patron de la bonne ville de Draguignan.
La porte de l’eau
Un Dragon va finalement être terrassé, la légende illustre bien les calamités naturelles causées par l’eau dévastatrice : les pluies, la Nartuby, la Riaille…
A l’opposé de l’eau destructrice, nous trouvons l’eau source de vie. Celle de la résurrection pour les chrétiens, de l’eau du baptême, de l’eau qui nourrit.
Au printemps, pour que les cultures ne soient plus ravagées, Saint Mamert, évêque de Vienne au Ve siècle, et, rendit obligatoire par l’Église au IXe siècle, va institué la prière des “Rogations” avec trois jours de suite, des processions dans les champs pour demander au ciel la cessation de ces fléaux que sont les tremblements de terre, le gel tardif, la grêle, les inondations et les sécheresses.
Et à la fin de ces processions, que faisait-on ? On roulait un Dragon de bois, tirant une langue rouge!
Le canal des moulins apporte cette eau salvatrice en ville. Aux industries, mais aussi aux jardins permettant de nourrir la population du centre ancien. En effet, les eaux du canal se précipitent sur la roue du Moulin du Bon-Pasteur, passe sous les arrière-cours de la Rue des Endronnes (face au Tribunal) et traverse le Boulevard G. Clemenceau.
Sous cette voie se développe une galerie parallèle longeant le trottoir situé face au Théâtre. Son radier témoigne des besoins d’irrigation nécessaires aux anciens jardins situés, au XVI-XVIIe siècle, à l’extérieur de la troisième enceinte des remparts, démolie au XIXe.
Les Remparts
Trois enceintes de remparts ont entouré la ville.
Au XIIe siècle Le castrum de Draguignan est dirigé par des chevaliers, formant une seigneurie collective. Ces « milites » sont associés à une classe civile dominante. C’est le bourg seigneurial entouré par son rempart.
Un peu partout, on cardait la laine, on tannait les peaux, on foulait le chanvre, on battait le fer et on pressait le raisin amené devant chaque maison.
La ville est le lieu des libertés. C’est aussi un lieu fort. À la fin du XIIIe siècle la ville pour se protéger des agressions armées s’entoure d’un 2e rempart, on érige une haute muraille, crénelée, percée de meurtrière et entourée d’un fossé, pour protéger la cité comtale.
Quatre tours-portes assurent les entrées et sorties, deux ont disparus : la porte d’Orange (Place de la paroisse, direction Brignoles), la porte Granella (direction Grasse et Nice), et deux sont toujours existantes : la porte Portaiguières (Place portaiguières – direction Riez), la porte de Rome ou Romaine (Place aux Herbes, direction Fréjus).
Il s’ajoute à ce dispositif, huit tours en saillies dont un seul vestige subsiste : la tour des Tanneurs.
La ville Royale, au XVIe siècle, est élevée au rang de Sénéchaussée. Draguignan devient une circonscription judiciaire couvrant tout l’Est de l’actuel département du Var. La construction du 3e rempart pris du temps, elle commence en 1579 et s’achève en 1625. La dernière enceinte des remparts de la ville avec ses 5 portes est démolie au cours des années 1830 à 1840.