À cet endroit, la première mention d’un moulin remonte au 25 juillet 1379. Pour assurer la sécurité du pain quotidien et faire concurrence aux moulins seigneuriaux, Louis Roux demande au Conseil de la ville, l’autorisation de construire un moulin à farine en dehors des remparts de la cité Comtale (XIIIe siècle). En 1867, le moulin est en chômage, il ne rapporte plus rien. Vendu aux enchères en 1874, il est transformé en moulin à huile. Le dernier propriétaire Léonce Buisson lui donnera le nom de « Moulin à huile du Bon-Pasteur » du nom de l’institution religieuse de la Miséricorde du Bon-Pasteur dont la chapelle est située en face.
Biographie de Léonce Buisson
Marie Léonce DOMINIQUE dit BUISSON, ce dracénois né en 1884 dans une famille d’artisans, a dès son plus jeune âge la “bosse” du négoce.
Il se lance avec passion dans diverses activités : vente et élevage de moutons, salaisons, bois et charbon, farine, amandes et dans un nouveau commerce : l’automobile.
L’huile d’olive, toujours florissante en Dracénie en ce début de XXe siècle, suscite son intérêt. Il décide, en 1923 d’acheter l’important moulin : le Moulin du Bon-Pasteur.
Il développe alors l’exploitation des dérivés de la production de l’huile d’olive par le traitement du marc des olives (pulpe et noyaux), afin d’obtenir l’huile de recense pour la vendre aux industries.
Bien avant le Front populaire de 1936, Léonce Buisson, instaure une politique sociale dans ses entreprises. Les ouvriers travaillant au moulin sont couverts par une assurance, ils ont les congés payés, les dimanches et le 1er mai sont chômés.
Léonce songe ensuite à centraliser l’ensemble de la production d’huile d’olive dracénoise dans son moulin.
Mais l’effroyable hiver 1956 viendra par la destruction des oliveraies anéantir cette ambition.
Il décède en 1958 léguant l’activité à son fils Gabriel. Le moulin est définitivement arrêté en 1965. Monsieur Léonce Buisson, nous transmet pour la postérité ce magnifique moulin dernier représentant de la technique traditionnelle.
Le Moulin du Bon-Pasteur devient dans le cœur des dracénois le Moulin Buisson.
L’hiver 1956
L’historien Frédéric Mireur décrit « La désastreuse mortalité des oliviers tués par le froid de 1709. »
Draguignan a bien par le passé connu pareilles calamités, mais après un mois de janvier aux températures particulièrement douces, les dracénois découvrent le matin du 02 février 1956 leur ville sous 80 centimètres de neige.
Un froid s’est abattu sur toute la France. Dans le Var durant trois semaines la température est polaire, faisant de ce mois le plus froid du XXe siècle.
Un mistral d’une rare violence souffle en rafales atteignant 180 km/h coupant ainsi les communications.
Ce gel tardif entraîne une catastrophe agricole : les cultures sont anéanties, presque tous les oliviers périssent.
Sur 2 200 000 oliviers du Var seulement 5% survécurent, l’olivier supporte un froid sec et de courte durée, mais dans ces conditions extrêmes les arbres ont littéralement éclaté. La plupart de nos restanques sont laissées à l’abandon, entraînant la fermeture de nombreux moulins à huile.
De nos jours, 143 des 153 communes du Var produisent de l’huile d’olive. Elle est reconnue pour ses qualités gustatives, nutritionnelles et diététiques. 800 000 arbres sont en production, permettant à 38 moulins de produire une huile de qualité exceptionnelle.
L’hiver 56 reste un traumatisme douloureux, mais grâce à la détermination des agriculteurs locaux, le Var demeure l’un des premiers départements oléicoles de France.
L‘huile d’olive à Draguignan
L’olivier, arbre emblématique de la Provence, tient une place prépondérante dans l’économie en Dracénie.
En 1838, la production d’huile d’olive est assurée par 486 moulins en activité, dont 179 dans l’arrondissement de Draguignan. La demande en huile grandit au XIXe siècle, principalement par l’industrie. Les plantations d’oliviers se développent alors sur le territoire varois.
À partir de 1873 les cantons de Draguignan privilégient la culture de l’olivier. 51% des surfaces cultivées compensent le déclin des anciennes cultures comme les céréales. L’huile d’olive de Draguignan de table et de recense s’exporte bien, principalement à Marseille et Toulon où la première manufacture varoise de savon est créée à la fin du XVIIe siècle.
Affiche de Charles Loupot pour la première Foire Provençale de l’olive de Draguignan >
L’activité oléicole est une source économique essentielle dans notre région, elle est célébrée à partir de 1954 lors d’une grande
manifestation annuelle : la Foire Provençale de l’Olive. Ce sera l’occasion pour de nombreux artistes internationaux de venir à Draguignan pour des spectacles mémorables.
Le gel catastrophique de 1956, la prolifération des charançons due au déboisement pour faire place aux vignes, la diminution des oiseaux se nourrissant d’insectes, les huiles de graines, la concurrence des pays voisins (Italie, Espagne) et des pays d’Afrique du Nord, sont les facteurs qui accentuent la régression de l’olivier dans le paysage varois.
Aujourd’hui, cependant, la tradition perdure, il y a toujours des mouliniers en Dracénie: 4 moulins sont toujours en activité.